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Les Relations des Jésuites contiennent 6 tomes et défont le mythe du bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, et aussi des légendes indiennes pour réclamer des territoires, ainsi que la fameuse «spiritualité amérindienne».

vendredi, mars 27, 2009

LOUIS EVEN

Le Crédit Social
n'est pas un
Parti politique


Ni candidats

Ni campagne électorale

Mais une force active
dans le peuple lui-même




PUBLIÉ PAR L'INSTITUT D'ACTION POLITIQUE

Première édition

1962

Tous droits réservés


TABLE DÈS MATIÈRES

Au-dessus des partis politiques

Le parti crée une muraille

Politicien, oui - Créditiste, non

Compter sur un parti, une illusion

Le créditiste devant une élection

Une force, et non pas un parti

À la veille d'une élection

Un parti de Judas

La place du créditiste n'est pas là

Mensonge avant la culbute

Douglas et l'électoralisme

«Parti», contraire de Crédit Social

Par un peuple éclairé et formé

jeudi, mars 26, 2009

Au-dessus des partis politiques


Contrairement à une idée trop répandue au Canada, le Crédit Social n'est nullement un parti politique, même si un parti canadien s'est paré de ce nom.

Le Crédit Social est une doctrine, un ensemble de principes énoncés pour la première fois par un homme de génie, l'Écossais C. H. Douglas. La mise en application de ces principes, dans leur aspect financier, ferait l'organisme économique et social atteindre sa fin propre, qui est la satisfaction des besoins humains.

Le Crédit Social ne créerait ni les biens ni les besoins, mais il éliminerait tout obstacle artificiel entre les deux, entre la production et la consommation, entre le blé dans les silos et le pain sur la table. L'obstacle aujourd'hui, au moins dans les pays évolués, est purement d'ordre financier - un obstacle d'argent. Or le système financier n'émane ni de Dieu ni de la nature. Établi par des hommes, il peut être ajusté pour servir les hommes et non plus pour leur créer des difficultés.

À cette fin, le Crédit Social présente des propositions concrètes. Fort simples, ces propositions impliquent cependant une véritable révolution. Le Crédit Social ouvre la vision sur une civilisation d'un aspect nouveau, si par civilisation on peut signifier les relations des hommes entre eux et des conditions de vie facilitant à chacun l'épanouissement de sa personnalité.

Sous un régime créditiste, on ne serait plus aux prises avec les problèmes strictement financiers qui harcellent constamment les corps publics, les institutions, les familles, et qui empoisonnent les rapports entre individus. La finance ne serait plus qu'un système de comptabilité, exprimant en chiffres les valeurs relatives des produits et services, facilitant la mobilisation et la coordination des énergies nécessaires aux différentes phases de la production vers le produit fini, et distribuant à tous les consommateurs le moyen de choisir librement et individuellement ce qui leur convient parmi les biens offerts ou immédiatement réalisables.

Pour la première fois dans l'histoire, la sécurité économique absolue, sans conditions restrictives, serait garantie à tous et à chacun. L'indigence matérielle serait chose du passé. L'inquiétude matérielle du lendemain disparaîtrait. Le pain serait assuré à tous, tant qu'il y a assez de blé pour assez de pain pour tous. De même pour les autres produits nécessaires à la vie.

Cette sécurité économique, chaque citoyen en serait gratifié comme d'un droit de naissance, à seul titre de membre de la communauté, usufruitier sa vie durant d'un capital communautaire immense, devenu facteur prépondérant de la production moderne. Ce capital est fait, entre autres, des richesses naturelles, bien collectif; de la vie en association, avec l'incrementum qui en découle; de la somme des découvertes, inventions, progrès technologiques, héritage toujours croissant des générations.

Ce capital communautaire, si productif, vaudrait à chacun de ses copropriétaires, à chaque citoyen, un dividende périodique, du berceau à la tombe. Et vu le volume de production attribuable au capital commun, le dividende à chacun devrait être au moins suffisant pour couvrir les besoins essentiels de l'existence. Cela, sans préjudice au salaire ou autre forme de récompense, en plus, à ceux qui participent personnellement à la production.

Un revenu ainsi attaché à la personne, et non plus uniquement à son statut dans l'embauche, soustrairait les individus à l'exploitation par d'autres êtes humains. Avec le nécessaire garanti, un homme se laisse moins bousculer et peut mieux embrasser la carrière de son choix.

Libérés des soucis matériels pressants, les hommes pourraient s'appliquer à des activités libres, plus créatrices que le travail commandé, et poursuivre leur développement personnel par l'exercice de fonctions humaines supérieures à la fonction purement économique. Le pain matériel ne serait plus l'occupation absorbante de leur vie.

* * *

Mais, si logiques, si sociales et si respectueuses de la personne humaine que soient les propositions du Crédit Social, elles brisent radicalement avec des notions généralement reçues et considérées comme sacrées et intangibles.

C'est pourquoi le Crédit Social ne peut pas résulter d'un simple changement de parti au pouvoir. On n'impose pas une civilisation nouvelle par une élection. Il faut d'abord la faire connaître, la faire désirer, la faire rechercher par la population. Et puisqu'il s'agit d'une civilisation créditiste, disons qu'il faut d'abord développer une mentalité créditiste, faire prévaloir une attitude d'esprit favorable à la vision présentée par le Crédit Social.

La population du Canada n'en est pas encore là. M. Low et les dirigeants de son parti, faussement appelé créditiste, le savent bien, puisque, pour briguer les suffrages de l'électorat, ils commencent par supprimer le dividende du Crédit Social de leur programme officiel.

Le problème n'est donc pas de mousser un parti politique, mais de faire connaître, aimer et désirer le Crédit Social.

D'ailleurs, la seule conception de parti contredit la philosophie du Crédit Social. Les partis existent pour essayer de prendre le pouvoir et ne s'agitent bien que lorsque est ouverte la lutte pour le pouvoir. Le Crédit Social, lui, distribuerait le pouvoir le plus largement possible entre tous les membres de la société. Le pouvoir économique, par un pouvoir d'achat garanti à chaque individu. Le pouvoir politique, en faisant des députés les représentants réels de leurs électeurs, et non plus les domestiques d'un parti.

Il faut que les électeurs apprennent à exprimer leur volonté commune en tout temps. C'est entre les élections que se prennent les décisions qui affectent la vie des citoyens. Se contenter de voter pour un candidat de parti, puis accepter passivement tout ce qui se décide sans l'avis de ceux qui doivent faire les frais des décisions, c'est de l'infantilisme politique.

Vers Demain, 15 mai 1957

Le parti crée une muraille


N'importe quel groupe ou mouvement qui s'occupe de la question sociale gagnerait beaucoup à connaître et assimiler les principes du Crédit Social.

N'importe quel représentant du peuple, individuellement, à quelque parti politique qu'il appartienne, s'il veut véritablement la promotion du bien commun, ne devrait pas hésiter à réclamer une répartition adéquate de la richesse, respectant la liberté personnelle, la propriété et l'entreprise privées. Ce qu'il peut faire tout en demeurant dans le parti qu'il juge le plus apte à administrer le pays.

Mais nous voyons mal qu'une idée maîtresse comme le Crédit Social, qui transcende les partis politiques, qui les enrichirait tous, soit en quelque sorte clôturée sous le nom d'un parti politique. Le Crédit Social est un universel. Un parti politique est une part, un morceau. Appeler un parti «Crédit Social», c'est vouloir enchaîner un universel dans un limitatif.

Du moment où vous faites des mots Crédit Social le nom d'un parti politique, vous excluez la possibilité pour un Libéral de se déclarer pour le Crédit Social: ce serait se déclarer pour un parti concurrent. Il vous objectera: Je ne puis pas être en même temps du parti Libéral et du parti Crédit Social. La même chose pour l'adhérent de n'importe quel autre parti politique.

Et si la population est habituée à penser à un parti politique quand elle entend les mots « Crédit Social», vous risquez fort de trouver des oreilles distraites, sinon bouchées d'avance, quand vous voulez présenter le Crédit Social à des auditeurs d'un autre parti.

Le but d'un parti politique, c'est de rester au pouvoir s'il y est, ou de tendre au pouvoir s'il n'y est pas. Il y a donc nécessairement lutte entre les partis politiques. Chaque parti est adversaire de l'autre ou des autres. Appeler un parti «Crédit Social», c'est durcir les adhérents de tous les autres partis contre tout ce qui porte nom Crédit Social.

Puis on ne soumet pas une vérité au vote.

Faire du Crédit Social le sujet d'un vote, c'est se faire dire après un échec: «Vous voyez bien que ce n'est pas bon comme vous dites, puisque le peuple a voté majoritairement contre cela.»

* * *

On nous demandera peut-être: Comment allez-vous faire adopter une législation créditiste si le parti au pouvoir n'est pas créditiste?

Nous croyons que le Crédit Social prévaudra partout, même dans les partis politiques, au pouvoir comme dans l'opposition, lorsqu'il aura été suffisamment accepté dans les esprits et demandé par la population elle-même. C'est ce à quoi s'applique notre Institut d'Action Politique. Et c'est justement pour ne pas dresser des murailles entre le Crédit Social et les esprits, encore trop habitués à ne penser politique qu'en fonction de partis, que nous ne voulons point voir l'idée de Crédit Social liée à l'idée de parti.

Vers Demain, 1er janvier 1957

mercredi, mars 25, 2009

Politicien, oui. - Créditiste, non.


L'Hon. William Bennet est premier ministre de la Colombie-Britannique. Son parti provincial porte le nom de «Crédit Social».

M. Bennett seconde M. Low dans la présente campagne électorale fédérale. Comme lui aussi, il donne des conférences de presse. Comme lui aussi, il s'attaque à l'Union des Électeurs, au mouvement créditiste de Vers Demain.

Confond Crédit Social et parti

Dans la fin de semaine de Pâques, M. Bennett donnait deux conférences de presse: l'une à Québec, l'autre à Montréal.

Dans le rapport de celle de Québec, dans L'Action Catholique du 23 avril, on lit:

M. Bennett a décrit, dans les grandes lignes, les progrès sociaux et économiques, en Colombie-Britannique, depuis l'avènement, dans cette province, du Crédit Social qu'il dirige. «Le système financier en vigueur dans notre province est le système économique le plus sain qui soit», dit-il.

M. Bennett peut parler de l'avènement de son parti au pouvoir en 1952; mais non pas de l'avènement du Crédit Social. Le Crédit Social n'est nullement appliqué en Colombie, pas plus que n'importe où ailleurs. Cette province opère exactement sous le même système financier que toutes les autres provinces du Canada, que tous les pays du monde occidental, et sans doute de tout le monde civilisé. Quand M. Bennett déclare que «le système financier en vigueur dans sa province est le système économique le plus sain qui soit», il décerne simplement un certificat de salubrité publique au système financier actuel.

Repousse le dividende

À Montréal, les journalistes ont questionné M. Bennett sur le Crédit Social, et non pas seulement sur son administration. Ils lui ont demandé sa pensée sur le dividende du Crédit Social. Embarrassé et cherchant à esquiver le sujet, il a fini par déclarer que, en Colombie, il ne saurait être question du dividende à moins d'une période prolongée de crise.

Voilà bien qui montre la complète ignorance de M. Bennett en fait de Crédit Social.

Il faut avoir une drôle de notion du dividende pour en faire une exclusivité de temps de crise prolongée. Est-ce que les compagnies distribuent des dividendes quand elles sont dans le trou ou bien quand elles sont prospères?

M. Bennett prend-il le dividende du Crédit Social pour du «secours direct?»
Le Crédit Social n'est pas une doctrine de temps de crise; c'est une doctrine de tout temps.

C'est en tout temps que la production moderne est due en grande partie à un héritage de découvertes, de techniques, d'applications scientifiques, accumulées à travers les générations, et patrimoine de toute la société. C'est un capital communautaire dont le rendement doit valoir une quote-part à tous les membres de la communauté. Donc un dividende à tous, en tout temps. Et plus le capital communautaire produit, plus le dividende doit grossir - donc un plus gros dividende en temps de grande production.

Si M. Bennet ignore le Crédit Social, M. Low, lui, sait mieux. Pourquoi donc a-t-il supprimé le dividende du programme de son parti? Est-ce le Crédit Social ou le pouvoir qu'il poursuit?

Le Crédit Social est un tout complet. Si vous en élaguez un seul élément constitutif, ce n'est plus du Crédit Social. Cela ressemblerait à se proclamer catholique, tout en éliminant la Pénitence et l'Eucharistie, ou en admettant le divorce, ou en amputant le Décalogue d'un commandement ou deux.

Ni Bennett, ni Low, ni leur programme n'ont de place pour le dividende. Mais ils en ont pour des mesures socialistes comme l'embauchage intégral et l'assurance-santé d'État. Et tout en promettant de promouvoir la création d'emplois, apparemment pour occuper la main-d'œuvre qui chôme, ils favorisent une politique d'immigration pour amener au Canada de la main-d'œuvre de l'étranger.

Ce sont ces messieurs-là, ces prostituteurs de la belle doctrine de Douglas, qui voudraient tuer le mouvement créditiste le plus authentique du Canada et voir disparaître le journal Vers Demain, le plus grand éducateur créditiste du Canada français!...

Vers Demain, 15 mais 1957

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